Une question d’équilibre


« Être maman est le seul travail que je m’efforce de faire réellement bien », déclare Darcy en étalant de l’houmous sur un sandwich végétarien qu’elle place dans un sac-repas. « C’est le travail le plus important que l’on puisse avoir. Si je venais à disparaître en sachant que je me suis bien occupée de ma fille, j’aurais fait quelque chose de bien dans ma vie, » dit-elle en riant.

Après avoir préparé Sophia pour l’école, elle passe sa matinée avec ses clients. Thérapeute certifiée, elle aide les gens à traverser des périodes de transition, qu’il s’agisse d’un athlète professionnel en fin de carrière ou d’un étudiant cherchant à acquérir des compétences essentielles pour devenir un adulte pleinement autonome

Ses débuts d’après-midi sont remplis de réunions. Ensuite, il faut aller chercher Sofia à l’école, l’amener à son entraînement de natation, s’assurer qu’elle a fait ses devoirs, l’amener chez son père, puis partir faire une présentation dans une boutique d’équipements de course locale, ce qui la fait terminer à 19 h.

Et quelque part dans cet emploi du temps déjà très chargé, elle essaie de trouver un créneau pour aller courir ou à la salle de sport.

Coureuse d’ultra trail professionnelle occupée toute la journée par son travail et élevant seule une enfant de 9 ans, Darcy a du mal à s’accorder un peu de temps pour elle. Un moment pour souffler. Une seconde pour réfléchir.

« Je compte énormément sur Google Agenda », nous confie Darcy. « Je m’effondrerais si je n’avais pas ce calendrier. Mes listes de choses à faire, tout y est. Il y a toujours quelque chose de nouveau qui vient s’ajouter »

La vie de Darcy s’égrène d’heure en heure au rythme des alertes de rappel. Elle s’entraîne quand son emploi du temps le lui permet, de façon irrégulière dans le meilleur des cas. Le soir lorsque Sophia est avec son père ou tôt le lendemain matin. C’est parfois entre le moment où Sophia part à l’école et le moment où elle se rend au travail.

S’il y a quelque chose de constant dans tout cela, c’est bien la difficulté à concilier le tout. Pour beaucoup d’entre nous, il existe un désir de se donner à fond dans tout ce que nous entreprenons, mais c’est tout simplement impossible. Darcy nous rappelle d’être indulgent envers nous-mêmes.

 

 

« On ne peut pas tout faire. C’est quelque chose que j’aurai toujours du mal à accepter. Parfois, il faut simplement se faire à l’idée que l’on ne va pas courir deux heures, mais une heure peut-être. Et si ce n’est qu’une demi-heure, ce n’est pas un problème ». - Darcy Piceu

Les choses les moins importantes doivent passer en dernier. « Il faudra peut-être quitter la maison sans faire les lits. Parfois, il faudra peut-être laisser traîner la vaisselle dans l’évier et ne pas essayer de tout faire à la perfection. Personnellement, c’est comme ça que je vois les choses. En fait, je crois que je suis en train de me convaincre moi-même, » s’esclaffe-t-elle. « On est jamais autant critique qu’avec soi-même. Personne d’autre que vous ne vous jugera pour avoir laissé traîner la vaisselle ».

Darcy est fermement convaincue qu’il ne faut pas s’entraîner à l’excès. Elle a vu trop de personnes se lancer dans ce sport tête baissée et se donner à fond pour s’épuiser trop rapidement. De plus, son planning très chargé ne lui permet tout simplement pas de s’entraîner régulièrement.br>
« Chaque fois que je sors, je me dis que je n’ai aucune chance, mais ce n’est pas le cas », déclare Darcy. « Je pense que c’est simplement un manque de confiance en soi, qui montre à quel point on peut être dur envers soi-même ».

Elle est fermement convaincue que le corps est capable de prouesses un jour de compétition. La mémoire musculaire se réveille, c’est notre état d’esprit que l’on doit combattre. On accorde souvent trop d’importance à l’entraînement au lieu de reconnaître que l’on en a fait assez.

Avant de donner naissance à Sophia en 2008, notre athlète Smartwool Darcy était coureuse professionnelle depuis dix ans. Arrivant parmi les premiers à de nombreuses courses de 50 et 100 miles dans tout le pays, c’est une force dominante de la communauté de coureurs de fond. Elle est arrivée trois fois première à l’ultra trail Hardrock 100 féminin, un ultra-marathon de 100 miles avec des changements de dénivelé de 66 000 pieds pour une altitude moyenne de 11 000 pieds. Il s’agit d’une épreuve d’endurance extrême à haute altitude sur terrain abrupt. Des aptitudes d’alpinisme, de survie en milieu sauvage et d’orientation sont essentielles pour franchir la ligne d’arrivée.

Si la course est pour Darcy indispensable à son équilibre mental, concilier les compétitions et l’entraînement avec ses obligations de maman et de femme active demande beaucoup de patience et d’ingéniosité.

« Lorsque vous décidez de changer le cours de votre vie pour avoir un enfant, votre univers change du tout au tout, » déclare Darcy. « On ne peut pas partir comme ça sur un coup de tête. Tout cela demande beaucoup d’efforts et d’organisation. C’est un exercice d’équilibre délicat qui vous laisse un goût amer de culpabilité quand il faut partir ».

Les multiples compétitions de Darcy lui ont fait parcourir le monde. Parfois, Sophia passe ces journées avec son père. D’autres fois, si les compétitions tombent pendant les vacances scolaires, Sophia peut rejoindre sa mère.

« La voir là-bas à m’encourager est la seule chose qui compte pour moi lorsque je franchis la ligne d’arrivée. Surtout lorsqu’il s’agit d’une distance de 100 miles. C’est vraiment spécial. Cela dit, l’emmener à toutes les compétitions ne serait pas juste. C’est long, on court pendant la nuit et c’est très éprouvant pour tout le monde.

Quand elle est là, ça compte beaucoup pour moi. Mais quand elle n’est pas là, je ressens inévitablement un peu de tristesse. Un vide ».
-Darcy Piceu

Tenant de sa mère, Sophia fait preuve d’une détermination incroyable. Elle est soucieuse de bien faire à l’école comme en sport. Elle vise la tête du classement aux championnats de natation de l’État. Également adepte de ski racing, elle est déjà bien partie pour dépasser sa mère sur les pistes. Elle a aussi un côté prévenant auquel on ne s’attendrait pas chez une personne de son âge.

«Je m’estime réellement privilégiée en ce sens », affirme Darcy. « J’appréhende un peu l’adolescence, mais je vais simplement continuer de l’encourager à poursuivre le sport en espérant que tout se passe bien, » s’esclaffe-t-elle. « Je m’efforce d’être pour elle un bon modèle à suivre, pas seulement en course à pied, mais sur tous les plans. La façon de traiter les gens, l’éthique de travail, tout».

Souvent, les parents sont plutôt réticents à l’idée de laisser leurs enfants ressentir de la contrariété ou vivre un échec. Et il est tout à fait naturel de vouloir les protéger des réalités de notre monde du 21ème siècle.

« Mais, laissons-les flancher, laissons-les éprouver de la tristesse, laissons-les ressentir ce que c’est de vivre une déception, » conseille Darcy. « Un jour ou l’autre, ils se retrouveront confrontés à de telles émotions Je pense qu’aujourd’hui, beaucoup de parents tentent de trouver des solutions à tout, mais ce n’est pas leur rendre service pour l’avenir. Voilà les grandes questions qui se poseront sans aucun doute à l’avenir et que je redoute, j’espère que je ne flancherai pas sur ce plan-là. La vie est un apprentissage sur le tas. Chaque enfant est différent. Il faut faire pour son enfant ce que notre instinct nous dicte de faire ».

Darcy préconise de les laisser traverser les moments difficiles de la vie à leur façon, mais en les soutenant et en les laissant être des enfants. Jouer dans la saleté, se balancer sur des barres parallèles, se régaler avec des bonbons ou faire le piquet sur la plage. Il est bon de vivre ces moments de découverte et de curiosité ensemble autant que possible.

Ces moments, Darcy et Sophia les partage en plein air. Elles descendent les pistes de ski de la station locale. Elles campent à la belle étoile. Elles sautent dans des lacs. Si Sophia commence à s’intéresser à la course, c’est aussi quelque chose qu’elles partageront ensemble. Pour l’instant, la course demeure la passion de Darcy.

Chaque fois que Darcy profite des moments qu’elle se réserve en plein air hors des sentiers battus, elle devient une meilleure maman, une meilleure amie et une meilleure partenaire. Les montagnes sont son lieu sacré. C’est en courant sur leurs sentiers accidentés sinueux qu’elle trouve sa paix intérieure et son inspiration.

«J’apprécie la simplicité de cette discipline dans la mesure où il suffit de mettre ses chaussures et de sortir de chez soi, » déclare Darcy. « Ce n’est pas comme le vélo, le ski ou la grimpe, qui exigent beaucoup d’équipement, de réflexion et de préparation. Moi, je n’ai qu’à jeter mes chaussures dans la voiture. Évidemment, je vais avoir besoin d’un short et d’une brassière de sport, » s’esclaffe-t-elle, « mais cette simplicité rend la pratique de cette discipline plus facile et accessible».

Mais qu’est-ce qui peut motiver quelqu’un à courir si loin pendant si longtemps ? Et qui plus est en un temps record?

«Et bien… » sourit Darcy, « Je suis compétitive. On peut l’expliquer comme ça. Mais pour moi, le fait de pouvoir explorer des sentiers que l’on n’aurait pas l’occasion de découvrir autrement m’importe plus que de battre des records».

L’été dernier, Darcy a réalisé le meilleur temps connu (FKT, Fastest Known Time) chez les femmes sur le circuit de l’Huayhuash au Pérou (85 miles et 25 000 pieds de dénivelé en 29 heures et 15 minutes) et lors du John Muir Trail en Californie (222 miles, 47 000 pieds de dénivelé, en 3 jours, 4 heures et 12 minutes). Comme ces endroits reculés se trouvent dans des régions sauvages au cœur de parcs nationaux, ce ne sont pas des lieux que l’on peut découvrir lors d’une course organisée. C’est à Darcy que revient l’organisation, la planification et, si possible, la demande des aides nécessaires pour courir dans ces endroits.

« Ce sont des trails que je souhaitais explorer pour leur beauté naturelle, la splendeur des paysages, » affirme Darcy. « Et c’est arrivé tout simplement, je me suis dit : « Eh, peut-être que je pourrais établir un nouveau FKT sur ce parcours ? Ok, je vais essayer ça ».

Darcy espère pouvoir revenir dans ces lieux extraordinaires afin de les redécouvrir dans un tout nouvel état d’esprit, en randonnée avec sa fille.

«Paradoxalement, pour la plupart des trails que j’ai parcourus, j’aimerais y revenir et prendre le temps de les redécouvrir lors d’une randonnée sac au dos. Espérons qu’un jour je puisse amener Sophia sur le John Muir Trail, le sentier qui fait le tour du Mont Blanc, sur le Wonderland Trail autour du mont Rainier, dans le Grand Canyon... Bref, tous ces lieux sont tellement majestueux que j’espère pouvoir les explorer avec elle».
-Darcy Piceu

Pour l’heure, leurs petites expéditions sac au dos impliquent pour Darcy de tout transporter, le sac de Sophia à l’avant et le sien sur son dos.

«Il nous faudra encore quelques années avant de pouvoir nous lancer dans cette aventure, » déclare Darcy. «Mais j’adorerais explorer ces lieux avec elle».

En attendant, Darcy continue de savourer les moments qui lui permettent de redevenir enfant, d’apprendre, de rire et de partager ce sentiment d’émerveillement incommensurable avec sa fille.

 

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